JFR: La téléradiologie est 'un train devenu fou' pour les médecins français

PARIS - Alors que tous les efforts sont mis en oeuvre pour accélérer le développement de réseaux de téléradiologie et augmenter la rapidité de la connexion entre les images médicales et les experts chargés de leur interprétation, certains praticiens hospitaliers qui se trouvent en première ligne souhaitent faire une pause. Ils comparent même les téléconsultations à un train devenu fou et veulent reprendre le contrôle des opérations.

"A l'institut Curie, nous sommes complètement submergés par ces requêtes sollicitant notre opinion. C'est exaspérant," a estimé le docteur Sylvia Neuenschwander, directrice de l'imagerie de la prestigieuse institution et présidente de la Société Française de Radiologie (SFR). "S'il vous plaît, plus de télé-expertise avant d'y avoir bien réfléchi. On doit connaître les objectifs, les buts doivent être justifiés, et on a besoin de structures techniques ainsi que d'une organisation fonctionnelle. Et enfin, on doit y consacrer des ressources, surtout en termes de temps et de personnel."

La séance 'Télé-expertise en radiologie' organisée lors des Journées Françaises de Radiologie (JFR), le congrès annuel de la SFR, a clairement révélé que des systèmes plus efficaces étaient nécessaires pour faire face à une demande en hausse.

Les fournisseurs en téléradiologie promeuvent leurs services dans le hall d'exposition des JFR. Avec l'aimable courtoisie du docteur Robert Lavayssière.Les fournisseurs en téléradiologie promeuvent leurs services dans le hall d'exposition des JFR. Avec l'aimable courtoisie du docteur Robert Lavayssière.
Les fournisseurs en téléradiologie promeuvent leurs services dans le hall d'exposition des JFR. Avec l'aimable courtoisie du docteur Robert Lavayssière.

Le temps consacré aux téléconsultations dépasse depuis longtemps deux heures et est aujourd'hui plus proche des quatre, selon le docteur Hubert Ducou le Pointe, chef du département de radiologie à l'Hôpital Universitaire Armand Trousseau à Paris et membre actif de G4, une association à but non lucratif regroupant tous les acteurs de la radiologie en France, y compris la SFR, le Collège des Enseignants en radiologie de France, la Fédération Nationale des Médecins Radiologues et le Syndicat des Radiologues Hospitaliers.

"Le nombre d'outils disponibles a explosé, tout comme celui des consultations demandées," a-t-il expliqué. "Les gens sont perdus entre tous ces outils installés et la confusion provoquée par l'utilisation de différents systèmes pour des demandes d'avis locales, régionales, nationales et internationales. Et il y a toujours cette pression constante pour être le plus rapide," a-t-il ajouté.

Les radiologues de l'Institut Curie sont submergés par les requêtes sollicitant une seconde opinion, a indiqué le docteur Sylvia Neuenschwander, présidente de la SFR.Les radiologues de l'Institut Curie sont submergés par les requêtes sollicitant une seconde opinion, a indiqué le docteur Sylvia Neuenschwander, présidente de la SFR.
Les radiologues de l'Institut Curie sont submergés par les requêtes sollicitant une seconde opinion, a indiqué le docteur Sylvia Neuenschwander, présidente de la SFR.

Pendant cette période de calme avant l'arrivée de la prochaine génération de réseaux ultra rapides, Mme Neuenschwander reçoit déjà bien trop de requêtes par e-mail pour pouvoir bien toutes les gérer. Selon elle, il existe encore des radiologues assez doués pour sélectionner les images qui les préoccupent. "S'ils veulent que je regarde 20 images, ils m'enverront 20 e-mails contenant chacun une image."

Le téléchargement d'images non sélectionnées est pour le radiologue consultant une source de frustration récemment, a également concédé M. Ducou le Pointe. Les requêtes arrivent sous la forme d'un lien, faussement simple, vers le dossier du patient, qui une fois ouvert renferme trois groupes de scanners contenant chacun 3.000 coupes.

Les réseaux de téléradiologie introduisent aussi une plus grande transparence dans les téléconsultations, brisant la culture de coopération collégiale. Les directives de la SFR n'abordent pas la question des droits des patients lors des téléconsultations, a souligné le docteur Liliane Ollivier, radiologue à l'Institut Curie. Pourtant, le droit français stipule clairement qu'un patient a le droit d'être informé des résultats, de savoir qui est le consultant expert et de recevoir une garantie sur la qualité de la consultation. Les archives de la consultation ainsi que toutes les opinions doivent figurer dans le dossier du patient, qui en est le détenteur en France.

Ouvrir de nouveaux réseaux augmentera le nombre d'intervenants lors des téléconsultations, a-t-elle prévenu. Ceci aura des conséquences encore impossibles à mesurer pour le patient, le radiologue et les services de santé, comme Mme Ollivier l'a démontré avec trois exemples qui ont mal tourné.

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